Battement
Jean-Pierre Faye
« Et c’est toi qui fais passer ce sillage dans les listes de noms et dans les rues, qui introduis cette expectative dans la ville, et lettre par lettre tu décrivais le cercle concentrique de Mérie autour du cercle étroit de la chambre et de l’hôtel-pension, du couloir et des chambres voisines, ici, celle de Hal à droite – et tu traçais ce piège tout autour qui doit se fermer là, t’exclure et nous séparer, tu faisais passer ce nouveau toucher au long de la ville, déjà commencé et interrompu, l’attachant au corps de la fille à qui tu t’es substituée. Passant par les mille adresses possibles de Mérie. Par son identité nouvelle. »
C’est en écrivant ce livre en 1962, que Jean-Pierre Faye a pris conscience du jeu de résonance des personnages d’un récit à l’autre, comme du tissage des événements traversant les blessures d’une société déchirée : l’Amérique du maccarthysme avec Entre les rues, le Paris saisi par le putsch d’Alger avec La Cassure et, ici, une Allemagne en proie aux attentats des services secrets français. Pareillement, les narrations sont visitées par les mêmes anti-héros désintégrés : Verdier, lobotomisé, Guiza, psychiquement explosée, V. (Verdier à nouveau ?) piégé. Le lecteur, autre personnage, se trouvera inscrit dans cette trilogie au cœur d’une géographie des villes doublée d’une autre topographie, celle des êtres, qui, toutes deux, de l’écriture du passé à celle du présent, coïncident en des reflets trompeurs. Il y a « battement » entre le jeu des présences et leur éloignement.
254 pages
Prix : 21 euros
ISBN : 978-2-954-1100-4-2
Parution : juin 2014